Après la dégustation à Trinque Fougasse Sud, nous préparons celle de Trinque Fougasse Ouest (Montpellier), le 28 mars.
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Pour découvrir les vignes du Mas Coris, nous vous proposons une visite guidée de ses huit parcelles aux "personnalités" si différentes. C'est parti pour une rando pittoresque…
Avec ses bois dressés, teintés de belles nuances marron et épais comme des pouces de viticulteur, le grenache vous accueille. Plantée en 1979, cette parcelle a l'allure de ces vignes majestueuses que le cours du temps n'atteint plus. Un puits bâti en forme de capitelle est son centre d'intérêt pour les visiteurs. Un mazet en fin de vie (qui, nous a-t-on dit, abritait les chevaux de trait il y a un siècle) retient aussi leurs pas et veille sur cet espace sans fil ! Le cœur historique du Mas Coris semble battre ici-même. On y voit, on y sent, on y devine le travail des anciens.
À l'extrémité du grenache, bien après le puits, le sentier monte vers la parcelle de cinsault-grenache, qui a le même âge, mais qui profite, elle, d'un palissage. En 2010, 480 pieds y ont été complantés. Un travail de forçat dont le résultat est parfois décevant. Espoirs et désillusions de la complantation ; comme quoi, il n'est jamais facile de faire disparaître les "dimanches" ! De là, à 220 m d'altitude, la vue, splendide, s'étend sur la vallée et le village de Cabrières. C'est le bout du chemin. Malgré les manquants, malgré quelques dégâts dus aux sangliers, malgré la pente qui rend les travaux exténuants, il y flotte toujours un agréable parfum de sérénité.
On redescend pour rejoindre la syrah dont l'exubérance des bois est contenue par deux fils de "téléphone". À 35 ans, la vigne avait besoin de nouvelles "recrues". Plus de 360 plants y ont donc été installés en 2011. Là aussi, avec plus ou moins de réussite, car, sous terre, la concurrence est rude pour les minuscules racines. Mais l'effort était indispensable pour celle qui fournit une bonne part de nos cuvées d'exception, Pic de Vissou rouge et Téthys.
À peine plus haut, les piquets du plantier balisent le terrain où, auparavant, la garrigue reprenait peu à peu ses droits. Il y eut du terret-bourret dans ce "jardin" d'un petit demi-hectare. Depuis avril 2011, il n'y a pas moins que quatre cépages : vermentino (40 %), grenache blanc (20 %), roussanne (20 %) et viognier (20 %). Ce sont les ingrédients de notre Pic de Vissou blanc.
À quelques pas, le terrain devient moins pentu, tout en restant très vulnérable aux coups de vent de nord-ouest qui dévalent des crêtes de Vissou puis tourbillonnent, rendant la gestion des fils primordiale au printemps. Voici la parcelle de syrah-cinsault. Elle est sortie de terre en 1955. Ses rangs se sont clairsemés, son palissage a souffert. Genêts et autres repousses de chênes se sont invités au fil des années dans cette parcelle, patiemment remise à niveau et désormais intégrée au périmètre bio de l'exploitation. Autant de petits secrets que ceux qui apprécient notre cuvée Atout Pic ne connaissent pas. Il y a eu du sang et de la sueur sur ce coin de terre, mais jamais de larmes.
Et maintenant, une halte pour une parcelle pas tout à fait mitoyenne de la propriété mais située à quelques coups d'aile de grive. Il y a de la clairette au menu ! Nos premiers pas entre ses rangs palissés nous ont fait penser à "On a marché sur la lune". Quand l'herbe est interdite de séjour, le minéral domine, froid, tranchant, sans vie. Plus pour longtemps puisque ces pieds de clairette plantés en 1996 sont désormais cultivés en bio, sans désherbants. Un nouvel équilibre biologique se met en place pendant que nous réfléchissons aux qualités de ce cépage attachant, typique de quelques vignobles languedociens très voisins. La clairette nous livrera ses premiers secrets très bientôt.
La clairette n'est pas restée très longtemps la "dernière parcelle acquise" ! En 2015, un cinsault et un grenache ont été ajoutés au patrimoine du Mas Coris. Il s'agit de deux parcelles d'un total de 1,2 ha environ, situées de part et d'autre de la petite route qui mène aux parcelles "historiques". Pour ne pas les confondre avec les autres, nous les avons affublées d'un "B", comme un clin d'œil à leur ancien propriétaire.
Leur première vendange a été réalisée en septembre 2016 et leur conversion bio a été engagée. Le cinsault, vieillissant, planté à 1,60 m et pénalisé par de nombreux manquants, a été arrachée au début de 2017, non sans émotion. La terre est désormais en repos. En revanche, le grenache, plus solide, palissé, offre de bonnes perspectives pour compléter nos cuvées existantes... quand il sera officiellement déclaré "bio", c'est-à-dire à la vendange de 2018.
Bon à savoir
DU SCHISTE ET ENCORE DU SCHISTE
Les parcelles profitent d'un sous-sol où les schistes gréseux dominent. C'est la marque de fabrique des vins de Cabrières. La parcelle la plus élevée (cinsault et grenache) s'appuie également sur un conglomérat de grès. L'interprétation géologique de cette parcelle est plus difficile car elle a été fortement remaniée lors de sa mise en terrasse. Son sol reste malgré tout dominé par les éléments schisteux.