On ne nous avait pas tout dit

Le Mas Coris est un projet commun, conjugal même. Pour bien le comprendre, il nous faut un peu parler de nous, avant de passer à la suite, plus intéressante que nos confidences.

 

Une formation scientifique jusqu'à un doctorat, deux années dans un labo de recherches au Canada, puis une carrière dans le journalisme (presse spécialisée et presse quotidienne) pour moi, un parcours dans le graphisme, la peinture, le textile pour mon épouse, deux grands fils indépendants et bien droits "dans leurs bottes" ;   nos rails étaient désormais assez rectilignes pour nous mener tout droit… à la retraite. Beurk !!!

Se "ré-inventer" et se "'reconstruire"

Sauf que… Sauf que j'avais envie d'autre chose, de mettre mon énergie dans un projet tout neuf et tout à nous, de construire un patrimoine qui ait les pieds dans la terre, de faire pousser des racines qui manquaient à ma famille depuis le début des années soixante et un exode douloureux.

Sauf que Véronique ne s'attendait pas, à 48 ans, à affronter une drôle de maladie.  Sauf que le hasard et la chance s'en sont mêlés, jouant des coudes au bon moment pour titiller puis cristalliser nos envies diffuses.

Sauf que l'idée d'élaborer nos propres vins et de les partager a resserré nos liens. Sauf que l'un voulait en quelque sorte se "ré-inventer" pendant que l'autre souhaitait se '"reconstruire".

Un problème par jour, pas plus, merci

Nous nous sommes donc lancés dans ce projet avec une sacrée inconscience. Après avoir fixé nos pas sur les sols schisteux de Cabrières, à quelques kilomètres de Clermont-l'Hérault et une heure de Montpellier, nous avons découvert l'ampleur de la tâche qui nous attendait. Nous avons même envisagé d'appeler notre première cuvée "On ne nous avait pas tout dit" !

Et pourtant l'excellent audit réalisé par Jean Natoli et Gwenaël Thomas (Natoli and Coe) sur le potentiel de ces parcelles récemment acquises avait été riche d'informations, de conseils, de préconisations et aussi de mises en garde. Mais il fallait que, inexpérimentés et inconscients, nous apprenions sur le tas et… sur le tard. Il était écrit que nous devions nous confronter, sur le terrain, à mille problèmes que, sous peine d'être noyés, submergés, découragés, nous devions régler l'un après l'autre, sans penser au suivant. De toutes façons, nous nous étions promis de ne plus avoir peur de rien.

Clamons-le : tout est possible !

Pour avancer dans l'aventure et éviter les faux pas, nous avons beaucoup écouté et souvent interrogé autour de nous, des vignerons, des viticulteurs, des hommes d'expérience. Ils nous ont éclairés avec patience, une pointe de curiosité et aussi, parfois, un scepticisme poliment contenu.

Voilà la nouvelle aventure de notre vie, peut-être pas la dernière. Dans ce monde tristement formaté et abusivement réglementé, tout reste heureusement possible. La foi peut soulever des montagnes et la motivation le pic de Vissou. Mais il faut quand même en avoir une dose qui n'a rien d'homéopathique.

Jean et Véro